À New York, une poignée d’organisations contournent les grands fournisseurs d’accès à Internet et développent leurs propres réseaux communautaires, afin de fournir un service plus abordable et, dans bien des cas, plus rapide et plus fiable.
Fondés il y a environ 5 ans, NYC Mesh et Silicon Harlem font partie des rares fournisseurs de réseaux communautaires qui s’emploient à proposer des solutions alternatives en matière de connexion Internet à New York. Leur but ? Couvrir les zones blanches, autant d’un point de vue géographique qu’en terme de fiabilité, dont souffrent les fournisseurs de haut débit historiques.
NYC Mesh, une organisation à but non-lucratif, compte parmi ses rangs une douzaine de bénévoles principaux mais aucun employé à temps complet. Selon Brian Hall, elle propose un accès Internet sans fil, associé à la fibre, au centre de Manhattan, dans une bonne partie de Brooklyn ainsi que dans certaines parties du Bronx et du Queens.
Un paiement mensuel pour le service, avec des vitesses moyennes de 80 Mbit/s et jusqu’à 200 Mbit/s pour certains utilisateurs, est volontaire. Nombreux sont les habitants qui choisissent de payer 20 $ par mois, tandis que de nombreuses entreprises contribuent à hauteur de 50 $ ou 100 $, dans aucune obligation toutefois.
Brian Hall explique que les bénévoles ont décidé de lancer ce service pour un certain nombre de raisons. Ils voulaient combler la fracture numérique en fournissant un service Internet haut débit peu coûteux, et souhaitaient améliorer la fiabilité grâce à un ensemble de nœuds répartis, qui ne présenteraient aucune défaillance. Le premier « supernœud » de NYC Mesh, un hub regroupant plusieurs radios, routeurs et antennes, se targue d’une disponibilité de réseau de 99,8 %, supérieure à celle de 90 % de l’opérateur historique selon le groupe.
Bon nombre des bénévoles étaient mécontents des vitesses plus lentes que celles annoncées par les opérateurs historiques, certains clients obtenant moins de 10 Mbit/s. D’autres partisans étaient préoccupés par la collecte des données des abonnés par les opérateurs historiques. Les bénévoles ont également constaté que même dans la plus grande ville des États-Unis, il existait des zones où la couverture était faible, voire inexistante, explique Brian Hall.
Il indique également que NYC Mesh a connecté un immeuble situé dans le quartier de Greenpoint de Brooklyn, le long de l’East River en face du centre-ville de Manhattan, qui n’avait pas d’accès à Internet. « Il existe encore des parties de la ville qui n’ont aucune solution », ajoute-t-il. Les opérateurs historiques semblent n’avoir « jamais trouvé » comment offrir un accès Internet dans ces zones.
L’objectif de NYC Mesh est de réussir à proposer une couverture partout dans la ville de New York et potentiellement certaines zones urbaines voisines. L’équipe souhaite également aider d’autres villes à mettre en place des réseaux maillés similaires.
Cependant, ce n’est pas chose facile. M. Hall explique que le projet a connu un démarrage lent, car les bénévoles se débattaient avec les meilleures technologies pour atteindre leurs objectifs et avaient besoin d’obtenir des autorisations pour installer des antennes sur les toits des bâtiments.
« C’est un véritable défi », affirme-t-il. « Les premières années, on n’a pas beaucoup avancé. »
Selon M. Hall, la clé pour réussir un projet comme celui-ci, c’est la flexibilité. « Pour créer un réseau, vous devez résoudre des problèmes tels que : comment faire passer une bande passante élevée d’un site à un autre ? Quelle est la meilleure façon et la moins chère d’y parvenir ? »
NYC Mesh, qui a promis à ses membres de fournir un réseau ouvert et neutre, a obtenu un coup de pouce inattendu de la Commission fédérale des communications (FCC) des États-Unis, qui a voté en décembre 2017 pour abroger ses réglementations de 2015 imposant la neutralité du Net. Depuis la création de NYC Mesh, le nombre moyen de demandes mensuelles d’inscription de membres était de l’ordre de 20. En décembre, celles-ci ont atteint le nombre record de 438.
Le groupe a plus de 2 000 demandes d’inscription en attente, avec 211 nœuds membres actifs connectés au réseau.
L’abrogation de la neutralité du Net par la FCC « nous a vraiment fait passer à la vitesse supérieure », déclare Brian Hall. « Maintenant nous nous développons très rapidement ».
NYC Mesh travaille en étroite collaboration avec Silicon Harlem, une autre organisation axée sur l’élargissement de l’accès à Internet à New York. Silicon Harlem s’attache à transformer le quartier traditionnellement afro-américain de Upper Manhattan en un centre de technologie et d’innovation. Le groupe offre non seulement un accès à Internet, mais aussi des programmes de formation à Internet et à la technologie. Il organise également des conférences sur les opportunités technologiques et planifie un projet pilote de ville intelligente pour ce quartier.
Le mantra du groupe est « l’inclusion numérique », déclare le cofondateur Bruce Lincoln. L’organisation veut s’assurer que « les communautés mal desservies ne sont pas laissées pour compte ».
Le premier réseau WiFi communautaire de Silicon Harlem, qui devrait être lancé en 2019, couvrira une zone d’environ 30 blocs sur 30 autour du corridor de la 116e rue à East Harlem, zone où les services de télécommunications ont été interrompus par l’ouragan Sandy fin 2012. L’objectif du projet, financé par la ville de New York, est de fournir des services d’urgence fiables aux petites entreprises et aux autres résidents pendant les ouragans et autres catastrophes, affirme Mr Lincoln.
De jeunes résidents, âgés de 17 ans et plus, sont formés pour être les techniciens du réseau, ajoute-t-il. Le WiFi sera gratuit pour les résidents.
Avec l’aide de la National Science Foundation et de plusieurs universités, Silicon Harlem planifie un deuxième réseau communautaire pour Central Harlem. L’idée est d’exploiter les services mobiles 5G à venir tout en fournissant des dispositifs de périphérie clients à faible coût pour les foyers. Ceci permettrait aux familles de se connecter à Internet avec peu de frais initiaux, explique Bruce Lincoln.
Selon lui, des façons novatrices de se connecter à Internet seront précieuses pour les collectivités qui sont actuellement mal desservies. Les différents projets du groupe « montrent à quoi ressemble une communauté diversifiée connectée à Internet », dit-il.
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