La dixième réunion du Forum africain sur le peering et l’interconnexion (AfPIF) a débuté à Balaclava, à l’île Maurice. Cet évènement est l’occasion pour les participants de célébrer les réalisations et de resserrer leurs liens.
Andrew Sullivan, président et CEO d’Internet Society, a ouvert les débats en soulignant l’importance de la réunion qui, selon lui, permet de construire une communauté dont l’objectif est de soutenir la croissance de l’Internet en Afrique, d’identifier les défis et de promouvoir l’entente de tous sur le sujet.
Dans son discours, il a souligné que le trafic échangé à l’intérieur de l’Afrique avait connu une hausse considérable grâce au travail abattu par l’AfPIF au fil des ans. L’un des objectifs de l’AfPIF est d’augmenter de 80 % le niveau de contenu local échangé à l’intérieur de l’Afrique d’ici 2020.
Sullivan possède une vaste expérience de travail avec les organismes internationaux spécialisés sur les questions liées à l’Internet. Il a souligné la nécessité de construire une communauté solide dirigée par Af-IX. Ces deux entités continueront à travailler main dans la main au développement d’Internet en Afrique, en fonction des besoins des Africains et de l’expérience du réseau africain.
Organisé chaque année, l’AfPIF réunit les acteurs de l’écosystème d’Internet en Afrique parmi lesquels des directeurs de la technologie, des coordinateurs du peering, des responsables du développement commercial, des fournisseurs et opérateurs de services Internet, des décideurs politiques et des régulateurs en charge des télécommunications, des fournisseurs de contenu, des opérateurs de points d’échange Internet, des fournisseurs d’infrastructures, des gestionnaires de centres de données, des réseaux nationaux pour la recherche et l’éducation (RNRE), des fournisseurs d’accès Internet, des fournisseurs de services de transit IP et des organisations financières internationales. Conçu comme un événement à but non lucratif, le forum est ouvert au parrainage et à diverses formes de soutien provenant du monde entier.
La première édition de l’AfPIF s’est tenue au Kenya en 2010, au moment où la région faisait face à de nombreux défis : la connectivité se faisait principalement par satellite, il n’y avait que quelques câbles sous-marins, les avantages de l’interconnectivité étaient mal connus des communautés technologiques locales et les coûts de la bande passante se situaient entre 3 000 et 5 000 dollars par Mbps.
Le « jeu du Peering » constituait l’un des points d’orgue entre 2010 et 2014. Cet atelier rassemblait des participants autour du Dr Peering (Bill Norton) pour discuter du fonctionnement du peering, de son économie et de ses avantages pour les utilisateurs finaux. Ce jeu a permis de partager les connaissances et de promouvoir le peering, ce qui a ouvert la voie à des ateliers dirigés par un panéliste ou deux, et qui constituent actuellement le clou de l’AfPIF.
Au cours de la dernière décennie, Internet Society et ses partenaires ont offert des dons d’équipement, une formation technique et rendu possible une mobilisation communautaire dans au moins 28 pays africains.
L’un des points forts est le partenariat entre l’Union africaine (UA) et Internet Society sur le projet AXIS entre 2012 et 2018, qui a permis de former plus de 1 500 personnes dans 28 pays. Plusieurs nouveaux points d’échange Internet (IXP) ont été créés dans le cadre de ce projet. L’accompagnement de 8 IXP dans leur transition vers des IXP régionaux a permis d’accroitre la sensibilisation sur la valeur des IXP et le plaidoyer sur l’importance de l’interconnexion transfrontalière. Dans le cadre des travaux de renforcement des capacités, l’un des résultats notables a été le développement d’experts régionaux et de formateurs francophones et lusophones, ce qui constituait un défi auparavant.
Pour la suite, il est évident que le travail n’est qu’à ses débuts. La prochaine décennie comportera d’autres défis. Notre objectif est de faire participer les fournisseurs de services Internet de tous les pays africains à l’AfPIF. Un apprentissage soutenu et un partage de l’information sont nécessaires tout comme une collaboration accrue entre les opérateurs de centres de données, la consolidation d’une communauté des technologies et l’intensification de la recherche et des mesures dans la région.
En tant qu’hôte de la 10e édition de l’AfPIF, l’île Maurice a su profiter de l’occasion qui lui était offerte pour montrer les avancées qu’elle a réalisées dans l’interconnexion des îles de l’océan Indien. Maurice a également renforcé sa réputation de lieu attractif pour les entreprises technologiques souhaitant investir en Afrique.
Maurice, la Réunion, Mayotte, les Comores et Madagascar comptent ensemble quelque 28,3 millions d’habitants et constituent les îles de l’océan Indien. Ces îles sont reliées par des câbles sous-marins Safe et Lion. Des efforts sont cours pour installer un troisième câble reliant toutes les îles à l’Afrique du Sud.
Le résumé de la deuxième journée abordera plus en détail les aspects économiques du peering et les problèmes infrastructurels que rencontre la région.