Au cours des cinq dernières années, les modèles de trafic international ont connu une évolution en Afrique avec une croissance du trafic international et intrarégional, selon les dernières statistiques de Telegeography, présentées à l’AfPIF de cette année.
Johannesbourg, Le Cap Lagos et Nairobi conservent leur statut de hub, mais Cotonou, Kigali, Libreville, Abidjan et Dakar sont devenues des hubs majeurs avec l’intensification du trafic international. Cotonou a enregistré 88 Gps entre 2018 et 2019, affichant une hausse de 77 % de son trafic tandis que Kigali a enregistré 75Gbps, soit une croissance de 92 % et 113 Gbps pour Libreville, soit une croissance de 71 %.
Cela a été attribué à une réduction drastique des coûts de la connectivité, qui a conduit à l’ouverture d’un grand nombre de centres de données et éventuellement à une hausse de la demande en capacité par rapport aux autres hubs internationaux. La connexion en Afrique de l’ouest, notamment entre Dakar, Abidjan, Accra et Lagos, a également été renforcée.
Telegeography surveille le trafic international de transit. Sa présentation a été l’un des moments forts de la journée. Le trafic intérieur est un peu plus difficile à étudier, mais Telegeography a promis de collaborer avec davantage de fournisseurs pour obtenir des chiffres de ce trafic en hausse.
Au cours de sa présentation, Telegeography a brossé le tableau de la connectivité en pleine mutation sur le continent africain et son impact sur les plateformes d’interconnexion, indiquant que de nouvelles plateformes pourraient bientôt voir le jour, tandis que de plus en plus de villes réduiront le coût de la connectivité et investiront pour renforcer les infrastructures.
Les données recoupées montrent que l’Europe demeure une voie de transit privilégiée et que la capacité de la voie intra-africaine a augmenté entre l’Est et l’Ouest. Au même moment, on assiste à un renforcement de la connectivité Sud-Nord, probablement due aux projets d’infrastructures qui se développent du Cap au Caire.
L’examen des données révèle également que les nouveaux hubs seront alimentés par de nouveaux tracés de câbles sous-marins, des IX des centres d’hébergement neutres vis-à-vis des opérateurs, un environnement réglementaire favorable à la croissance des entreprises, la concurrence commerciale, des tarifs de connexion bas et un écosystème riche par le contenu et ses entreprises croissantes.
L’AfPIF a également prévu une présentation explorant l’Afrique à l’horizon 2030 et ce dont nous avons besoin pour être préparés. Il est apparu clairement que la connectivité intrarégionale était la clé au moment où les prix ne font que chuter. Il est prévu qu’elle s’aligne sur celle des autres régions du monde. D’autres attentes ont été relevées pour 2030, y compris :
- un plus grand contrôle du client sur le routage du trafic et les applications, tandis que le réseau devrait devenir plus agile pour répondre aux besoins de la clientèle en constante évolution.
- Les organisations internationales investiront davantage en Afrique, étant donné que la région compte actuellement un milliard de personnes non connectées et qu’elle est lentement en train de devenir un marché important pour les entreprises technologiques internationales.
Une présentation sur l’économie du peering est organisée tous les ans depuis une décennie à l’AfPIF. Celle-ci permet d’approfondir la discussion sur les raisons pour lesquelles les réseaux devraient échanger et introduire les nouveaux venus à l’économie des IXP. Cette année, les échanges étaient conduits par Susan Forney de Hurricane Electric.
Dans sa présentation, elle a estimé que la croissance des IXP en Afrique suivrait la trajectoire internationale, avec la baisse des coûts de connexion, entraînant une augmentation de la demande en contenus et de leurs échanges au niveau local et sur le plan stratégique.
Pour toute communauté envisageant de mettre sur pied un IXP, il est important de prendre en compte les coûts portuaires, les coûts liés au matériel de support, les coûts d’interconnexion, les coûts liés aux centres de données et les coûts éventuels liés à des tiers.
Ces coûts peuvent être comparés aux avantages d’un IXP, tels que la couverture des réseaux de contenu ou des fournisseurs de cloud tels que Microsoft, AWS, Google, Akamai, Limelight, Fastly, Facebook et Netflix, entre autres.
Pour savoir où mettre en œuvre le peering, il est important de disposer de statistiques sur les sources de trafic et les destinations les plus chargées du réseau, ce qui permet une mise à niveau plus facile de la capacité.
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Photo : AfPIF 2019