Lorsque le COVID-19 a frappé l’Afrique, les gouvernements ont imposé des fermetures temporaires ou totales des établissements scolaires pour enrayer sa propagation. Au moins 53 des 54 pays africains ont pris des mesures visant à fermer partiellement ou totalement des écoles. Le Kenya, par exemple, a annoncé l’annulation de l’année scolaire 2020 en mars, avant de modifier ses directives six mois plus tard pour permettre la réouverture des écoles.
Pas d’Internet, pas d’écoles
Dans toute la République démocratique du Congo, au Liberia, au Nigeria et en Afrique du Sud, où les gouvernements ont imposé une fermeture partielle, les quelques étudiants ayant accès à Internet, à des appareils mobiles et à des ordinateurs continuent d’apprendre. Cependant, la grande majorité non. La plupart ne peuvent pas se permettre de faire face au coût des données Internet, et très peu ont accès à des smartphones et des ordinateurs. Ils doivent improviser pour apprendre, ce qui accentue les disparités entre les apprenants ayant accès à Internet et ceux qui n’y ont pas accès. Comment l’Afrique peut-elle combler ce fossé et offrir des chances égales d’apprentissage à tous ?
Alors que nous nous préparons à reprendre le rythme scolaire, la panique générale règne parmi les parents quant aux implications résultant des grandes perturbations en matière d’apprentissage. La pandémie de COVID-19 pourrait-elle engendrer une génération perdue d’étudiants ?
Solutions pour un retour en toute sécurité
Heureusement, les décideurs africains modifient leur position concernant les écoles alors que nous apprenons à vivre avec le COVID-19. Les gouvernements de tout le continent recherchent désespérément des solutions permettant un retour en toute sécurité à l’éducation formelle.
Il est encourageant de voir de nombreux chapitres de l’Internet Society, membres, partenaires et la communauté technique de l’Internet développer des solutions innovantes permettant un retour à l’école en toute sécurité.
Au Kenya, où les autorités publiques avaient suspendu l’année scolaire, le Lamuka Hub, une initiative lancée par l’entrepreneur en technologie Twahir Hussein Kassim, aide les enseignants du primaire de Mtondia, dans le comté de Kilifi, à développer des compétences numériques pour enseigner en ligne.
Kassim, membre du chapitre kényan de l’Internet Society, a d’abord entrepris de créer un réseau communautaire pour les écoles du comté de Kilifi avant l’arrivée du COVID-19. Depuis, son initiative a permis à 16 enseignants et 40 élèves d’acquérir les compétences nécessaires en matière d’enseignement à distance.
Bien que le passage à l’apprentissage numérique ne se soit pas opéré dans toutes les régions du Kenya, M. Kassim est optimiste quant au fait que de petites initiatives comme la sienne peuvent contribuer à la stratégie de rentrée scolaire du pays. « Je suis très optimiste et je pense que malgré les difficultés, nous allons aller de l’avant », dit-il.
En Afrique du Sud, pour faciliter l’apprentissage à distance, le réseau sud-africain d’éducation à haut débit (SABEN) fournit la connectivité aux établissements d’enseignement et de formation techniques et professionnels (EFTP) par le biais de son initiative de connectivité des campus, financée par le Fonds national pour les compétences.
« Au cours des deux derniers mois, nous avons connecté huit campus d’EFTP », déclare Helga van Wyk, chef de projet du projet de connectivité des campus d’EFTP au SABEN.
« Nous avons pour objectif de connecter entre 80 et 100 campus d’ici la fin de l’année ». SABEN est une organisation à but non lucratif qui aide le secteur public de l’EFTP en Afrique du Sud.
Grâce au soutien de Teraco, membre de l’Internet Society Organization, le plus grand fournisseur africain de centres de données indépendants, SABEN peut offrir aux établissements d’enseignement supérieur un accès direct au plus grand point d’échange Internet (IXP) d’Afrique, NAPAfrica. Cet accès permet d’héberger facilement du contenu éducatif et de formation en ligne. Il favorise également la recherche.
Afin de permettre une meilleure utilisation de la technologie, M. Van Wyk indique que le SABEN a proposé une formation à laquelle les enseignants peuvent avoir recours pour se familiariser avec les différents outils et plateformes disponibles afin de proposer une meilleure dispense de cours en ligne.
Les points d’échange Internet (IXP) offrent une connectivité Internet plus rapide, plus robuste et moins coûteuse. Ils jouent un rôle important dans le développement de l’infrastructure Internet de l’Afrique. Découvrez notre travail avec les IXP !
Image de Santi Vedrí via Unsplash