At the beginning of May 2020, the Sarantaporo.gr community network team was approached by the mayor of Elassona, a municipality in the Thessaly region in central Greece. He was asking for help with a very common problem that villages in our municipality face: lack of access to Internet connectivity.
« Sykea » ou « Sykia » est un village isolé d’Elassona comptant près de 600 habitants qui ne disposaient d’aucun accès à Internet. La couverture mobile 3G et 4G est à peine disponible dans la région, entachant le village de multiples « points blancs ». Le silence numérique qui y règne s’est fait douloureusement entendre pendant les deux mois de confinement pour cause de COVID-19, d’avril à mai 2020, plaçant les habitants dans une situation encore plus défavorable, alors qu’ils avaient grand besoin d’accéder à l’information et aux services numériques. Toutefois, ce déficit de connectivité n’a pas toujours existé.
Les télécommunications, un héritage culturel
Dans le passé, avant l’avènement de l’internet, les villageois profitaient de la connectivité disponible, qui était à l’époque simplement une ligne fixe. Que vous viviez en ville ou dans un village, vous n’aviez pas d’autre choix. Pendant de nombreuses décennies, l’opérateur officiel de télécommunications, OTE, qui était une entreprise publique à l’époque, a fourni un service téléphonique partout le pays. Une grande partie de l’infrastructure de télécommunications utilisée aujourd’hui par l’opérateur officiel a été construite par les habitants, qui se sont portés volontaires pour « amener le téléphone au village ».
À l’époque, il n’était pas rare que les communautés locales collectent les fonds nécessaires pour acheter les poteaux et les câbles, qu’elles assemblaient elles-mêmes sous les instructions des techniciens envoyés par la société nationale de télécommunications. Ainsi, l’ancienne infrastructure nationale de télécommunications ne se résumait pas à des poteaux, des câbles et des équipements actifs. Elle incorporait également une précieuse valeur culturelle. Ce patrimoine culturel est étonnamment similaire à ce que les communautés font aujourd’hui avec les réseaux communautaires dans la région, et dans d’autres parties du pays et du monde.
Toute cette infrastructure est finalement devenue la propriété de l’opérateur officiel désormais privatisé.
Des villages laissés pour compte
Au fil des ans, comme c’est le cas pour toutes les constructions de réseaux, les équipements ont vieilli et ont dû être entretenus. Cela a coïncidé avec une population encore plus clairsemée, les jeunes se déplaçant vers les centres urbains à la recherche d’opportunités pour une vie meilleure. Le déclin de la population a eu pour conséquence une chute de la rentabilité. Le maintien du service est devenu une responsabilité pour l’entreprise.
C’est ainsi que le village de Sykea s’est retrouvé privé de connectivité Internet lorsque la pandémie est survenue. Les habitants ont fait tout leur possible pour résoudre ce problème par le biais des médias, de l’administration locale, du ministère et de demandes officielles adressées au Parlement grec, mais en vain. Finalement, le maire d’Elassona a contacté Sarantaporo.gr pour demander de l’aide. Nous avons décidé d’étendre notre infrastructure dans la région, et l’accord a gagné en visibilité dans les médias locaux et nationaux.
Pendant près d’un mois et demi, en attendant la levée des mesures de confinement contre la pandémie, nous avons travaillé à réunir les membres de la communauté locale, à collecter les données dont nous avions besoin pour concevoir l’infrastructure ainsi qu’à préparer les ateliers et les présentations nécessaires pour les membres participants de la communauté. Nous étions prêts à étendre notre réseau communautaire.
Une petite victoire
La publicité de cette collaboration a bien fonctionné pour le village, d’une manière inattendue. Un représentant local de l’opérateur officiel a contacté le maire pour l’informer qu’ils faisaient le nécessaire pour fournir des services à haut débit à la région. Cela a constitué un revers pour notre plan de réseau communautaire, car les membres de la communauté avec lesquels nous travaillions n’ont pas eu le temps nécessaire (ou la proximité, en raison de l’éloignement de COVID-19) pour s’engager dans l’esprit de réseau communautaire. Leur motivation était la connectivité et l’accès à Internet. Une fois que l’opérateur officiel a fourni une solution simple à la communauté, ils ont cessé de collaborer avec nous pour construire leur propre réseau communautaire.
Nous sommes conscients que mettre en évidence la valeur d’une infrastructure de télécommunications appartenant à la communauté est un problème en soi. Pour nous, cela est devenu évident dès le moment où nous nous sommes assis et avons planifié avec les membres de notre communauté locale l’expansion de notre infrastructure dans les endroits non desservis de leur région. Pour ces personnes, le pouvoir de décider où et quand étendre la connectivité est déterminé par les besoins de cette communauté.
L’expérience de Sykea a été enrichissante et éducative, car elle a permis de vérifier les conclusions auxquelles nous étions parvenus après avoir travaillé pendant de nombreuses années dans la région. La construction d’un réseau communautaire dépend fortement des aspects culturels de la communauté locale. Si l’on propose deux solutions, la plupart des gens optent généralement pour la plus simple. Il faut une mentalité de participant actif plutôt qu’une approche de consommateur pour construire un réseau communautaire. Et c’est une transformation qui prend du temps et de l’énergie dans une culture dominée par le marché.
Bien que le projet d’étendre notre réseau communautaire au village de Sykea ne se soit pas concrétisé, nous sommes heureux qu’ils aient réussi à avoir accès à Internet. Cela illustre l’impact positif d’un effort collectif réalisé par l’organisation de la communauté locale. L’expérience restera au sein de la communauté locale et, espérons-le, se cristallisera sous forme de sagesse collective.
Sykea a pu atteindre son objectif de connexion à Internet, ce qui lui a permis de répondre aux besoins d’autres communautés.
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Image du réseau communautaire Sarantaporo à Elassona, Grèce