« L’internet est une technologie profondément humaine » Thumbnail
Développer l'Internet 22 juin 2020

« L’internet est une technologie profondément humaine »

11 juin 2020

Monsieur le Secrétaire général, Vos Excellences, distingués modérateurs et panélistes, chers amis et collègues,

Plus que jamais, il est temps d’apprécier tous les avantages que l’Internet procure et pourrait procurer. Il y a quelques années encore, un tel rassemblement, en ligne, aurait été impensable. Dans le contexte de la pandémie actuelle, des millions de personnes ont pu travailler et maintenir leurs relations sociales, qu’elles soient séparées par la distance ou par la maladie. L’Internet est également un moyen qui permet à des revendications de justice raciale totalement justifiées de se faire entendre dans le monde entier. L’Internet est une technologie profondément humaine, construite par des personnes qui collaborent afin de permettre aux utilisateurs de mieux collaborer entre eux. Plus d’Internet, plus de collaboration, au sein d’un cercle vertueux.

C’est pourquoi je me félicite de la façon dont la feuille de route pour la coopération numérique souligne la nécessité de la connectivité. L’Internet Society partage l’avis qu’il s’agit d’un besoin urgent, et nous sommes prêts à apporter notre aide. Le monde doit également créer et faire valoir une conception commune de l’importance de l’infrastructure de l’Internet et de la manière dont elle peut aider tous les individus. Si nous voulons avoir la moindre chance d’écouter et d’entendre la voix des personnes qui sont aujourd’hui exclues, la première chose que nous devons faire est de les inclure.

Au début de la pandémie, certains ont suggéré que la nature décentralisée de l’Internet pourrait empêcher de répondre aux nouvelles demandes. Au lieu de cela, la conception de l’Internet a fonctionné. Ce sont les réseaux centralisés et étroitement contrôlés qui se sont heurtés à des difficultés.L’Internet consiste à utiliser des éléments de base simples et à créer des systèmes complexes à partir de ces éléments. L’expérience nous montre que cette approche fonctionne très bien, et la méthode Internet est donc le meilleur moyen de nous connecter tous afin que nous puissions apprendre les uns des autres.

Bien entendu, l’internet présente quelques défis. Il est trop souvent utilisé comme un moyen de promotion de la haine raciale ou d’infox. Mais tout en reconnaissant ces défis, nous devons garder à l’esprit que l’architecture de l’Internet a fait ses preuves et que les gens en ont tiré profit. Nous devons exploiter ces atouts. Cela signifie qu’il faut comprendre que la conception distribuée et décentralisée de l’Internet est ce qui a fonctionné dans le cadre de la crise sanitaire actuelle, et que nous devons donc résister aux appels à la centralisation ou aux réglementations qui ne sont pas adaptées à leur objectif. Cela signifie qu’il faut s’assurer que les personnes qui veulent être connectées puissent participer au développement de l’Internet, afin qu’il réponde à leurs besoins. Cela signifie également reconnaître que des solutions apparemment simples pour résoudre un problème donné concernant l’Internet peuvent avoir des effets encore plus graves ailleurs dans le système complexe. Enfin, cela signifie aussi garantir une connectivité sécurisée pour tous, car des systèmes non sécurisés pour certains signifient un Internet non sécurisé pour nous tous. Comme le note la feuille de route, des préoccupations légitimes sous-tendent la nécessité du cryptage ; parfois, ces préoccupations ne peuvent être résolues qu’avec un cryptage solide de bout en bout.

Lorsque la pandémie est arrivée, l’Internet était prêt. De nombreux systèmes gouvernementaux traditionnels ne l’étaient pas. Je pense qu’il y a une leçon à tirer ici, lorsque l’on réfléchit à l’avenir de la coopération numérique. Les paroles de Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies, prononcées il y a quinze ans, résonnent encore : « pour gérer, promouvoir et protéger la présence [d’Internet] dans nos vies, nous devons être aussi créatifs que ceux qui l’ont inventé. Il est clair que la gouvernance est nécessaire, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’elle doit se faire de manière traditionnelle, pour quelque chose de si différent » (discours du GTGI, 2004). La coopération numérique, et la garantie que personne n’est exclu de cette coopération, est nécessaire pour que tout le monde, et pas seulement quelques-uns, puisse bénéficier de ces avantages humains..

Faisons en sorte, ensemble, qu’Internet soit à la portée de tous.

Discours associées

Développer l'Internet 21 novembre 2017

Nous préparer à un Internet des opportunités

Discours de Dawit Bekele – Comité technique spécialisé de l’UA (African Union Specialized Technical Committee (STC- lien vers la...